12 décembre 2007
À la sainte Luce, le jour croît du saut d’une puce.
Mais pourtant c’est au solstice d’hiver, le 21 décembre, que les jours commencent à rallonger, me direz-vous…
Eh bien non ! Ce dicton est parfaitement vrai : à partir du 13 décembre, jour de la sainte Lucie, le soleil se lève certes toujours plus tard, mais il commence à se coucher plus tard aussi. Ce qui produit l’impression que les journées sont plus longues.
Pour avoir l’explication scientifique, allez voir ici. ***
Espoir de la lumière au moment où elle est absente… « C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière», disait un poète appelé Edmond Rostand.
La sainte Lucie fait partie des anciennes célébrations autour du solstice d’hiver. Elle est particulièrement fêtée dans les pays scandinaves, c’est une très jolie fête, un rituel émouvant, qui date des lointaines époques préchrétiennes.
Ça peut paraître nunuche à certains intellos de mauvaise humeur, mais si l’on se réfère aux symboles que cela contient, c’est une chose impressionnante : elle a traversé des siècles de christianisme pour survivre encore aujourd’hui. Certes, elle est bien teintée par la religion chrétienne. Les jolies Lucie vêtues de blanc ont remplacé au XVIII° siècle des mascarades et quêtes de garçons bien plus turbulents, et bien moins acceptés par les autorités ecclésiastiques, mais tout de même le sens est resté intact.
La tradition veut que les petites filles préparent le petit déjeuner à leurs parents, et, tout en chantant une chanson à la gloire de « Santa Lucia » (Lucia qui signifie « lumière »), leur apportent le plateau garni de petites brioches au safran. Elles sont vêtues d’une longue chemise blanche et coiffées d’une couronne de quatre bougies.
Au matin du jour où la lumière renaît, alors que ce jour commence à peine, la petite fille, elle-même garante du futur de l’humanité, arrive tout auréolée de lumière, pour offrir aux parents des petites brioches dont la forme est hautement symbolique.
Les Lussekatter sont parfumées au safran, l’épice la plus chère au monde, rien n’est plus précieux. Et sa couleur est celle du soleil. Elles sont enroulées en double spirale, avec un raisin sec au centre de chaque révolution. Ce qui n’est pas sans rappeler le yin yang des asiatiques… (Archétypes, quand vous nous tenez ! …) La double spirale évoque la dualité de la vie, l’évolution et l’involution, la vie qui renaît de la mort… Et le tout a la forme d’un 8, ce qui est aussi le symbole de l’infini. Les petites filles de l’avenir offrent l’infini à leurs parents, mémoire du passé, la boucle est bouclée, la spirale du temps continue de tourner…
Redescendons sur la terre. Il faut préparer la pâte des brioches de la Sainte Lucie.
*** Une autre explication absolument vraisemblable, que vient de me rappeler Miam, est que le dicton date de l'époque où le calendrier Julien était en vigueur. La réforme du calendrier grégorien, en 1582, supprima 10 jours, donc la sainte Lucie tombait au moment du solstice... et les jours rallongeaient effectivement. Vous choisissez celle qui vous plaît. Il doit y avoir un peu de vrai dans les deux, elles ne s'excluent pas.
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