18 décembre 2007
Les fées II (La marraine, la Vouivre)
Il faut que je vous parle un peu de ma marraine . C’est une fée , du genre de celles qui se penchent sur les berceaux.
Elle habite dans une maison singulière, aux lisières.
Aux lisières entre deux mondes. Entre la plaine et la montagne. Entre les grands sapins et la terrasse en bois. Entre la légende et la nature, la vie et le rêve, la brume et les rayons de soleil. Entre la farine et le sucre, le blanc et le jaune de l’œuf, le lait et la cuillère. Entre l’aigre et le doux. Entre la pupille et l’iris du monde.
Elle n’a jamais pu choisir, alors elle vit comme cela, entre deux.
Chez elle, on trouve des écureuils, des fleurs magiques au printemps, des petites filles à la voix d’or. Et du coin de sa cuisine, derrière la grande fenêtre, on peut épier l’arrivée furtive des chevreuils.
Dans son pays de grands sapins, les rivières étranges disparaissent sous la terre, et personne n’y comprend rien lorsqu’elle réapparaissent plus loin dans la bouche béante d’une caverne. Il y a des fumées bleues aux parfums de genièvre et d'épicéa, du miel d'or et des fleurs étranges pour faire des liqueurs.
Elle en concocte des potions et des philtres sucrés ou amers. Elle y mêle des fils d’or de souvenirs et d’espoirs avec des fils noirs parfois. Et des rouges comme le sang, sans nous dire toujours pourquoi. De ces fils entremêlés, on fait des tissus chatoyant qui servent à emmailloter des bébés qui ne sont pas encore nés.
Elle a peur des miroirs. Les fées sont comme cela. Elles ont peur de deux choses : des miroirs, et des hommes qui leur demandent d’où elles viennent.
Elle fréquente les vouivres et fait parfois apparaître des cygnards* sous les ponts des rivières. Moi qui ne connaissais que les papillules** qui volètent au printemps près de la rivière, j’en fus surprise, vous pensez bien.
Et certains ignorants prétendent que les dragons ou les fées n'existent pas... Voici pourtant une photo qui prouve le contraire. C'est au cours d'une promenades dans le pays des sapins et des rivières souterraines, que nous fîmes un jour cette rencontre surprenante.
Elle était là, au bord du chemin. Immobile. Elle nous regardait. Nous avons pensé que le soleil levant l'avait surprise dans une tâche inconnue, et qu'elle avait dû rester ainsi tout le jour. Ou qu'un malveillant lui avait volé l'escarboucle qu'elle portait jadis au front. Nous sommes passés, nous l'avons saluée. La nuit venue, elle s'est envolée. Et nous avons fait de beaux rêves.
Comment je sais que c'est une fille ? Regardez la jolie parure de feuillages qu'elle a sur le front. C'est une Vouivre, assurément.
On voit ces choses non loin de chez ma marraine la fée. Alors c'est bien la preuve !
* Animaux fantastiques mi cygnes-mi canards, je le précise pour ceux qui chercheraient dans leur encyclopédie habituelle.
* Ceux-là sont des papillons-libellules.
* Ceux-là sont des papillons-libellules.
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