Ce proverbe-là, je l'ai inventé, mais avouez qu'il est plausible! Par contre les suivants sont tout à fait authentiques:
À la chandeleur, l’ours rit ou pleure.
À la chandeleur, l’hiver cesse ou prend vigueur.
La chandeleur, le 2 février, est située à 40 jours de distance entre le solstice d’hiver et l’équinoxe de Printemps : nous sommes au milieu exact de l’hiver. Si l’ours sort de sa caverne, c’est le signe que l’hiver est fini. Sinon il continue d’hiberner.
Chandeleur - Chant de l’ours
Rappelons nous l’ours du carnaval. L’ours, puissant, velu, et presque de forme humaine lorsqu’il est debout, symbolise la force vitale, comme le bouc ou le taureau. Ces animaux sont liés à la vie et à la fécondité, la prospérité agraire et collective, ainsi qu’à l’espoir de voir la fin de l’hiver.
Le jeu de l’ours mimé le jour de la chandeleur dans certains carnavals des Pyrénées évoque sans équivoque le réveil printanier : l’animal court après les filles qu’il « marque » en leur noircissant le visage (autrefois le côté érotique était franchement marqué: il leur noircissait aussi les seins). Après une grande poursuite, il est capturé par des chasseurs tout en blanc, abattu rituellement, puis rasé. Ensuite il ressuscite magiquement et tout le monde se met à danser.
Le masque de l’ours a le même sens que celui de l’homme sauvage, couvert de verdure, de mousse ou de paille. Il conduit les âmes, et peut prédire le temps, faculté cruciale aux époques où l’on vivait principalement de l’agriculture.
L’homme sauvage est le cousin des satyres , associés au dieu Pan, que l’on fêtait lors des lupercales, début février à la même date que notre chandeleur. Février était alors le dernier mois de l'année. Februare en latin, signifie « purifier ».
La Grande Mère Universelle
Chez les celtes, le 2 février est la fête d’Imbolc. Ce nom signifie lustration, ou purification, comme chez les romains. C’est aussi à cette date que l’église a placé la célébration de la la purification de la Vierge, durant laquelle on allumait et bénissait des chandelles qui protégeaient toute l’année les maisons et les hommes.
Comme par hasard, le premier février est le jour de la Sainte Brigitte. Brigitte d'Irlande est la version chrétienne de la Grande Déesse celtique Brigit, Birgit, ou Brigantia.
Imbolc correspond à la naissance des agneaux et à la lactation des brebis.
Et le 3 février- ne croyons plus au hasard - est la sainte Agathe, que l'on invoque justement... pour la lactation des mères.
Féminité, maternité, fertilité, fécondité c’est le sens de la chandeleur.
Des crêpes protectrices
Imbolc comme les lupercales ou la purification chrétienne, marquait la fin du repos de l’hiver et la reprise des travaux agricoles. La montée de la sève dans les arbres, le renouveau de la nature. On allumait des chandelles que l’on portait en procession. Et l’on offrait des crêpes comme porte bonheur, crispus en latin, ce qui signifie « ondulé », parce qu’on les faisait cuire sur une tuile. La forme ronde et la couleur solaire de ces gâteaux symbolise le renouveau.
De nos jours la chandeleur est vraiment la fête des crêpes. Autrefois, non seulement il était agréable de manger des crêpes ce jour-là : mais c’était même une obligation d’en faire, pour s’assurer bonheur et prospérité tout au long de l’année. La coutume du louis d’or vient de là.
D'ailleurs aujourd'hui c'est encore un petit peu la même chose: si l'on écoute les marques de farine qui vous offrent une crêpière gratuite, les fabricants de crêpières qui vous font cadeau d'un paquet de farine et les distillateurs de rhum qui vous offrent la louche, on n'a plus aucune excuse pour ne pas en faire !
Les fermières en faisaient pour les ouvriers du domaine. Dans les villages on se réunissait pour confectionner et déguster les crêpes. Chacun faisait sauter la sienne, sous les bravos ou les quolibets, selon l’habileté de l’officiant.
Dans certaines provinces, il fallait porter une crêpe au poulailler pour s’assurer une abondance d’œufs. Ailleurs, les jeunes gens en accrochait une au sommet des pommiers pour protéger les arbres des parasites et des maladies. On en emmenait dans les champs pour que les récoltes soient bonnes. Et parfois on en cachait une au sommet de l’armoire comme protection sur toute la maisonnée.
Pour l'occasion, je ne vais pas vous donner la huit cent cinquante millième recette de crêpes , mais deux sauces pour les accompagner, une salée et une sucrée. Elles sont toutes simples et je pense qu'elles devraient vous plaire...