Au Château de Curzay sur Vonne, que reste-t-il... de nos amours ?
Pourtant, tout près de Poitiers et de Lusignan dans la Vienne, cette belle demeure est fort accueillante. Son parc magnifique permet de longues promenades ombragées par de grands cèdres centenaires.
Pourtant on y croise des habitants calmes et curieux, autour d'une Source de Mélusine. On peut aller près de la rivière faire un tour en barque, ou aller flâner dans les sous-bois.
Pourtant on marche sur de grandes allées tranquilles. On peut aussi se reposer sur les vastes pelouses.
On passe un portail fleuri de jasmin.
On visite le potager. Derrière les dahlias on découvre des parterres de légumes, fines herbes, des framboisiers à foison... Au fond, un bâtiment du XV° siècle abrite un four à pain, et l'on peut même prendre des cours de cuisine, de pâtisserie et de boulangerie.
Pourtant, aux beaux jours on peut dîner sur la terrasse.
Et s'il fait moins beau, on prend l'apéritif ou le café au salon. C'est un très bel endroit.
Pourtant, le restaurant est couronné d'une étoile au guide Michelin. J'ai eu l'occasion de venir goûter plusieurs fois la cuisine de Nicolas Isnard , bien avant de commencer ce blog et d'attraper la détestable manie de prendre des photos au restaurant. C'était du genre fabuleux : la part belle aux légumes, avec une brillante imagination. Une cuisine aussi délicieuse et surprenante que le cadre est joli.
Mais hélas: Nicolas Isnard est parti vers d'autres aventures ... en emmenant son second et son chef pâtissier, qui était aussi son épouse.
Et alors à Curzay, qui reste-t-il ... ?
En amuse bouche, un râble de lapin, tomate confite, petits légumes, agrumes, tranche d'orange séchée. Joli.
Mais. Ce n'est pas le bon jour. Il manque un petit quelque chose. Il y a comme une frustration. Pas assez assaisonné ?
Pour suivre, un homard mariné tandoori, avec une fleur de capucine et des feuilles de chrysanthèmes entouré d'une émulsion de concombre et pomme verte.
Cela part d'une bonne idée, c'est joli à regarder, mais le résultat est hélàs décevant. Le homard a peu le goût de homard. Un comble. J'en ai goûté depuis en Bretagne, et j'ai senti la différence. Utiliseraient-ils du homard pas breton ? On nous le sert avec un couteau à poissons aussi coupant qu'une cuillère à soupe. Le homard a une chair très ferme, et je ne vous raconte pas le ridicule de la situation : vous essayez de rester discret et souriant, vous êtes là à cisailler votre assiette comme un ours mal léché, alors que ce truc rose gigote sous la fausse lame et ne veut absolument pas se couper pour venir dans votre bouche en portion raisonnable... Un truc à la Mr Bean.
Le plat suivant est une déclinaison de bœuf : il y a un carpaccio, et un pavé de bœuf, avec une pomme de terre fondante farcie de fromage de chèvre, une petite salade et un jus.
Encore un désappointement : un mets avec de bons produits, mais mal conçu. Le carpaccio et la salade sont froids, évidemment, et ils jouxtent le reste qui est chaud. Ça se refroidit et ça se réchauffe là où il ne faudrait pas. Cela donne comme résultat une assiette tiédasse peu agréable. Il aurait fallu présenter le chaud et le froid séparés, me semble-t-il. Le pavé aussi était dur à couper, pourtant cette fois on avait le droit à un vrai couteau.
Ce plat était accompagné d'une cocotte de roquette et petits légumes verts du potager au parmesan. Extra. On se rattrape: on n'en laisse pas une feuille.
Un petit pré dessert: très bon, rien à dire. Fine génoise, Sorbet, macaron. Comme un pims déstructuré. Sympa.
Le dessert relevait l'ensemble. Rien d'époustouflant du côté invention, mais tout est bien réalisé, avec de la saveur. Classique et goûteux : c'est une variation sur la framboise, en sorbet, en mousse, chantilly et coulis et surtout en soufflé. Un régal, ce soufflé. Texture légère, goût puissant.
Donc, l'impression d'ensemble est mitigée. Le château de Curzay n'est plus ce qu'il était, et c'est fort dommage. Le rapport qualité-prix est peu favorable. Mais sans doute faut-il laisser au nouveau chef le temps de s'installer, de prendre ses marques. A réessayer un peu plus tard ...
86600 Curzay sur Vonne
Tel.: (33) 05 49 36 17 00
J'ai effectivement réessayé : cela valait la peine. Le résultat est Là (clic)
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