Je n'ai pas résisté. Moi qui résiste à tout. Enfin presque.

Lorsque j'ai vu la terrine de campagne sur le blog de Ghislaine et Nadine, Binôme gourmand, tout de suite ça a déclenché chez moi une suite de réactions en chaîne : écarquillement des yeux, salivation, souvenirs gourmands de terrines dégustées autrefois. S'en sont suivies des activités paranormales : recherche fébrile tout en haut du buffet de la cuisine, prise de mesures de la terrine qui se cachait là haut ; vérification de certains pots à épices et réserves de fruits secs ; et enfin démontage, révision complète et remontage du hachoir à viande qui n'avait pas servi depuis un moment.

ingred_terrine

Et voilà, tout fut bientôt étalé sur la table de la cuisine.

Je ne vais pas vous redonner la recette de la terrine, puisqu'elle est ICI, à la portée de n'importe quel clic. 

Je ne sais pas, vous, mais moi je suis absolument incapable de suivre une recette au pied de la lettre. Il faut toujours que je modifie quelque chose, un assaisonnement, une cuisson, un détail. Ça doit être une maladie. Mais c'est ainsi que les recettes vivent : elles se transmettent, se modifient, se découvrent des variantes, des enrichissements ou des simplifications. Comme les légendes ou les contes de fée, il y en a de multiples versions. Cela montre qu'on peut faire une recette même si on n'a pas tous les ingrédients indiqués sur la liste, on peut toujours en remplacer un par un autre, et on obtient quelque chose de bon quand même.

Ce que j'ai changé ici ? Pas grand chose, en vérité, car elle est déjà bien telle quelle, cette terrine de campagne !

Ma terrine étant plus grande que celle de Nadine et Ghislaine, j'ai  doublé la quantité des viandes, porc et veau.
J'ai mis une couenne dans le fond, à la place de la barde de lard, car j'en avais justement une dans mon congélateur, qui attendait de venir un jour faire son intéressante dans un plat rustique. Cela m'a d'ailleurs donné un peu de gelée naturelle tout-à-fait sympathique.

Je n'avais pas de noisettes, alors je les ai remplacées par des pignons. J'aurais aussi bien pu mettre des amandes. Ou des pruneaux. Ça doit être délicieux avec des pruneaux.  Et j'ai ajouté dans la farce un peu de mie de pain trempée dans du lait. Pourquoi ? Patience, vous allez voir.


hachoir

Hop, au travail.

Certains ont un mixeur électrique munis d'un grand bol et armé d'une hélice tranchante qui leur hache la viande dans un  bzing ou un vroum strident, en moins de temps qu'il n'en faut pour taper le mot viande sur ce clavier. Moi j'aime bien tourner le silence de la manivelle. J'aime bien regarder le hachis sortir tout doucement en chlouchloutant, et changer de bruit et de couleur selon que je met le porc, le veau, le lard, l'oignon, le persil ou le croûton de pain. Vous voyez, un rien m'amuse ! Cela ne donne-t-il pas à la vie toute sa saveur, plutôt que deux secondes de bzing vroum ? Pourquoi faut-il toujours se dépêcher ? Pourquoi faut-il que tout aille vite ? Qui a décrété cela ? Est-on obligé d'être d'accord avec ce système ? Je résiste. Je résiste en tournant ma manivelle. C'est comme aller marcher sur un chemin un après midi d'été quand d'autres prennent l'autoroute. Certes ils iront plus loin, mais moi j'aurai passé une agréable journée. Ceux qui sont toujours fébriles et toujours pressés arriveront quand même à Noël en même temps que les autres, pas vrai ?

Quand les viandes, les herbes et l'oignon sont passés dans le hachoir, on ajoute le croûton de pain. Il faut le mettre en dernier, car cela "rince" la machine de toute la viande qui reste accrochée dans le mécanisme. Et de plus il apporte encore du moelleux à la farce. Voilà, vous avez l'explication.

Et ensuite, j'aime bien casser les œufs, ajouter les pistaches et les pignons, et patouiller tout ça à la main (c'est meilleur!) jusqu'à ce que ce soit bien homogène. Quand vous ferez la terrine, salez-la bien. Une terrine pas assez salée n'est pas bonne du tout !  Voici un truc : prélevez une boulette de farce et faites-la cuire à la poêle. Laissez refroidir et goûtez : vous saurez si c'est assez assaisonné.

terrinecrue

Donc, la terrine est habillée avec la couenne. Je tasse bien la farce dedans et je la revêt joliment de lard et de laurier.

Pour la cuisson, Ghistaine et Nadine placent leur terrine au bain marie à 180°C. C'est ainsi que faisaient nos grand mères. Mais avec nos fours électriques modernes munis de thermostats, le bain marie peut-être abandonné. Il faut simplement régler le four à chaleur douce : 120°C. C'est une alternative, faites comme vous préférez. Je l'ai laissée cuire pendant 2 heures, car ma terrine est plus grosse que celle du Binôme Gourmand.

terrinecuite

Et voilà le résultat. Du parfum, du goût, du moelleux. une terrine qui se découpe parfaitement en belles tranches. Il n'y a plus qu'à sortir les cornichons, faire griller le pain, et préparer une petite salade moutardée. C'est le bonheur.

Merci Nadine, merci Ghislaine  !