Tarte généreuse au poireau et au comté. Ou au comté et poireau ?
C'est une tarte très gourmande, dont les parfums s'exaltent les uns les autres.
Enfin non, c'est pas la
tarte, c'est nous qui sommes gourmands de la regarder et de la humer,
odorante et dorée quand elle sort du four. Elle est épaisse, moelleuse,
avec le bon goût sucré des poireaux. Oui, j'ai bien dit sucré. J'avais
des poireaux de jardin qu'un ami jardinier m'avait offerts, et j'avais
oublié comme c'est sucré ! Et là dessus vient se poser le bon goût du comté au lait cru qui ajoute la profondeur de ses arômes de lait, de paille fraîche, de muscade et de noisette.
Choisissez bien votre comté, râpez-le avec amour et il vous le rendra au centuple !
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Vous me direz peut-être qu'il est plus pratique d'acheter un fromage déjà râpé en sachet dans son supermarché préféré. A cela je répondrai que vous faites ce que vous voulez, je ne suis pas dans votre cuisine, mais regardez bien l'étiquette ce ce que vous achetez : certains "râpés" premiers prix n'ont même pas le droit à l'appellation "fromage", car ils sont complètement artificiels, faits à partir de protéines de lait, de sel et d'un peu de chimie pour faire tenir le tout. Avec un fromage d'appellation, on est sûr de ce qu'on achète, et on sait que les vaches ont brouté de l'herbe.
Les fromages au marquage vert sont les meilleurs. Ils ont reçu une note d'au moins 15/20 à un examen qu'ils doivent tous passer à l'issue de l'affinage. Ceux ayant un marquage marron ont reçu une note entre 12 et 15. Les autres sont tout simplement exclus de l'appellation. Ça ne rigole pas.
J'ai pris un fromage de 8 mois d'affinage. Il a le parfum des montagnes qui l'ont vu naître, avec toutes les herbes et les fleurs des champs. J'avais le choix entre ce fromage et un autre, affiné 18 mois. Mais ce dernier, je l'ai mangé comme ça, les yeux fermés. J'entendais les cloches des montbéliardes dans les hauteurs du Jura, à huit cents kilomètres d'ici.
Vous me direz peut-être encore, pourquoi prendre un si bon fromage pour le cuisiner ? Et là, je vous répondrai : mais il transfèrera alors toute sa bonté à votre plat. Un fromage ordinaire vous fera une tarte ordinaire et tout à fait banale. La différence entre le quelconque et l'extraordinaire est là tout simplement : le choix des produits.
C'est d'ailleurs ce que les plus grands chefs appliquent dans leur cuisine. Alors faites comme eux, une fois de temps en temps choisissez le meilleur. Je ne vous demande pas d'acheter un homard ou un kilo de caviar, mais simplement un morceau de bon fromage et vous vous régalerez !
Je n'hésite pas à le dire : il y a autant de différence entre une vulgaire tarte au poireau, faite à la margarine, poireaux industriels, fromage râpé sous cellophane et cette tarte à la pâte au beurre, poireaux de jardin, comté AOC au lait cru, qu'entre un vin rouge en tetrapak (si, ca existe) et un grand cru amoureusement élevé dans une cave.
Et voilà comment on se fait plaisir avec une toute simple tarte au poireau.
Pour 6 personnes (une tarte de 22 cm) :
300 g de pâte brisée salée (Voir la recette ICI)
150 g de comté AOC au lait cru
1 cuil. à soupe de semoule fine
3 poireaux déjà cuits entiers à la vapeur
2 œufs
10 cl de crème liquide
Noix muscade
Sel, poivre du moulin
Cuisez les poireaux à l'avance, c'est mieux
s'ils sont froids au moment de faire la tarte. Si vous les cuisez à
l'eau, égouttez-les soigneusement dans une passoire en les pressant
pour éliminer le maximum d'eau.
On allume le four à 180°C, et on garnit le moule avec la pâte. On pique le fond avec une fourchette. Et là, on ne lésine pas : on prend 100 g de comté et on le découpe en lamelles qu'on étale sur toute la surface du fond de tarte. Ensuite, on saupoudre un voile de semoule de blé dur, c'est pour absorber le jus des poireaux qui risque de détremper la pâte. Voyez ci-dessous.
(cliquez sur les images pour les voir plus grandes)
On coupe les poireaux en petits morceaux, on en remplit la tarte. Soyons généreux. On fouette les œufs avec la crème. On assaisonne de sel, poivre et muscade râpée. On verse dans la tarte, doucement pour que ça s'écoule bien entre les poireaux. On râpe le reste de comté, on le répartit sur la surface.
Il ne reste plus qu'à mettre la tarte dans le four, on la place en bas, comme toutes les tartes. On la laisse cuire pendant 35 minutes environ, jusqu'à ce qu'elle soit bien dorée.
On ouvre un bon vin blanc, un anjou blanc par exemple... Et la vie est belle.