Les femmes et l'amour du vin : un livre à boire, heu non, à dévorer sans modération
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Voici une autre de mes lectures de cet été, un livre passionnant de Sègolène Lefèvre, historienne qui anime aussi l'excellent blog Boire et manger, quelle histoire ! Elle nous raconte le vin dans son rapport (souvent amoureux) avec les femmes, depuis la plus haute antiquité.
Le vin a toujours été considéré comme une boisson à part. Une boisson d'origine divine, la boisson de l'ivresse mystique, et aussi celle qui réconforte après une dure journée de labeur, et donne de la gaîté. Une boisson qui vous fait côtoyer le monde des dieux. Et si elle a des effets plus ou moins étranges et plus ou moins contrôlables, il vaut mieux en éloigner le sexe dit faible. Mais, le croirez-vous, le sexe dit faible trouvait toujours un moyen pour y venir quand même, ouvertement ou non, selon les endroits et les époques.
Les femmes ont été traditionnellement évincées de la fabrication et de la consommation du vin. Une femme dans les chais ? Quelle horreur ! Cela ferait "tourner" le vin en vinaigre. Une femme qui déguste un grand cru ? Quelle ineptie ! Leur palais ne supporte que des vins doux et liquoreux, ou à la limite ceux à bulles.
Mais les choses changent. Aujourd'hui les femmes excellent dans les métiers du vin, elles sont maîtres (ou maîtresses ?) de chais, œnologues, sommelières, elles gagnent des concours, et cela n'offusque plus personne. (Il y a peu d'années encore, une sommelière de restaurant huppé se voyait renvoyée par le client qui demandait à voir le sommelier !)
Ce livre rend hommage aux grandes figures féminines du vin, par exemple la Dame d'Yquem, la Veuve Cliquot (Vous connaissez son histoire ? non ? alors allez la lire dans le livre, elle est émouvante et édifiante), Madame Pommery, l'écrivain Colette qui en parlait si bien, ou les sommelières et vigneronnes contemporaines, qui toutes ou presque méprisent l'appellation "vin de femme", qui a été inventée par des hommes.
Le livre s'articule en trois parties, la production, le service, et la consommation. Dans chaque partie se trouve un chapitre historique qui retrace comment les femmes depuis la plus haute antiquité, on toujours su, malgré les réticences masculines jouer un rôle dans l'histoire de la vigne et du vin. Bref on apprend plein de choses sur l'histoire de cette boisson, que Pasteur décrivait comme la plus hygiénique de toutes, à une époque où il valait mieux se méfier de l'eau. On découvre comment depuis des siècles se compose le rapport du vin avec la religion, avec l'amour et la galanterie et aussi avec le pouvoir. Vraiment captivant.
Les femmes et l'amour du vin
Sègolène Lefèvre
Editions Féret
178 pages