Attention, cuisine bizarre ! C'est un mariage entre des produits fermentés qui sont nés à des milliers de kilomètres l'un de l'autre, c'est un choc culturel, et cependant, au goût, ça fonctionne très bien.
Les nourritures fermentées sont des choses extraordinaires... Tout en étant complètement ordinaires. Vous en consommez tous les jours de votre vie : pain, vin, bière, saucisson, beurre, fromages, yaourts, anchois, cornichons, olives, choucroute... La fermentation de la nourriture est une aventure humaine qui a dû commencer il y a cent mille ans, et qui dure encore.
Mon amie Nick, auteur du blog "La table de Diogène est ronde" et moi, nous sommes absolument passionnées par les nourritures fermentées, vous vous en êtes aperçus avec mes articles sur le levain, par exemple. Nick est coréenne, un pays où la fermentation a une importance énorme dans l'alimentation, comme dans beaucoup de pays asiatiques. C'est chez elle que j'ai trouvé la recette du Kimchi : ICI. Le kimchi, pour simplifier, c'est la choucroute en version asiatique. Il s'agit de chou lacto-fermenté avec des aromates, gingembre, ciboule, radis, piments. Vous en trouverez plusieurs recettes différentes sur son blog. C'est extrêmement facile à faire, et il n'y a pas besoin de matériel compliqué, moi je l'ai fait dans un grand bocal "Le Parfait" à joint en caoutchouc de 1, 5 litre. Ça demande 30 minutes de travail, c'est prêt au bout d'une semaine, et c'est absolument délicieux. J'ai suivi exactement le procédé décrit dans la recette de Nick. Comme je n'ai pas trouvé certains ingrédients dans ma campagne profonde, j'ai remplacé le radis blanc par des jeunes navets et le piment en flocons par du piment séché ramené de Singapour. Comme ce piment est bien plus fort que le piment coréen, j'en ai mis beaucoup moins et c'est la raison pour laquelle mon kimchi est blanc et non pas rouge. Il y a d'ailleurs aussi une recette de kimchi blanc sans piment sur le blog de Nick.
Ça se déguste cru en accompagnement d'autres plats. Essayez-le avec une simple omelette, dans une salade, ou même dans un sandwich, ou juste sur du riz blanc.
La saveur du kimchi est acidulée, sa texture est croquante, comme si c'était du chou frais, il y a cette profondeur indescriptible de la saveur fermentée. J'ai eu l'idée bizarre de le marier avec un autre produit fermenté, bien de chez nous, le Roquefort. Je sais, c'est étrange, c'est pour les palais aventureux. Mais c'est pas mal du tout.
Pour 2 assiettes :
175 g de spaghettis
1 cuil. à soupe d'huile neutre
1 poireau
5 cl de vin blanc sec (ah tiens, encore un produit fermenté!)
60 g de roquefort
Du kimchi finement émincé, la valeur du creux de la main
Sel pour l'eau des pâtes uniquement.
Faites cuire les pâtes selon les indications de l'emballage.
Pendant que chauffe l'eau des pâtes, nettoyez et ciselez le poireau. Chauffez l'huile dans une poêle et faites-y fondre le poireau 5 min à feu doux, à couvert, jusqu’à ce qu'il soit bien tendre. Ne salez surtout pas, car le roquefort et le kimchi sont déjà bien salés, et normalement vous n'aurez pas besoin de rajouter de sel du tout.
Versez ensuite le vin blanc, donnez un bouillon pour évaporer l'alcool puis ajoutez le roquefort et laissez bien fondre. Pour terminer, ajoutez le kimchi coupé en petits morceau, mélangez. Goûtez et rectifiez l'assaisonnement si besoin. Je ne poivre pas, le piment suffit.
Lorsque les pâtes sont cuites, égouttez-les et versez-les dans la poêle, mélangez les avec les poireaux, le kimchi, la sauce au roquefort fondu. C'est prêt !
Et même, on peut mettre du parmesan. Qui est fermenté aussi. Si, si. Je vous avais prévenus que c'était bizarre.