J'ai découvert un restaurant épatant en Alsace, région des restaurants épatants, mais celui-là c'est un coup de coeur. Au Raisin (clic). C'est à Rixheim près de Mulhouse. Si vous aimez la cuisine traditionnelle d'Alsace faite maison, bien réalisée, dégustée dans un décor chaleureux, vous serez au paradis. Choucroute, Baeckaoffa, foie gras d'oie, Presskopf et knepfla, vous ne saurez plus où donner de la fourchette.
Il n'y a pas que le décor typique alsacien avec les nappes rouges et les boiseries, qui soit chaleureux. Il y a de la bonté et de la générosité dans tous les plats, autant que dans le service. La bonne humeur de Madame Schmidlin rayonne dans tous les coins et elle est communicative. Si par hasard vous rentriez-là chagriné ou tristounet, ça arrive, vous en sortiriez complètement ragaillardi et réconcilié avec la vie.
Ce jour-là, le plat du jour était le Süriruava. Bien sûr il faut en profiter ! Qu'est ce que le süriruava, vous demandez-vous si, malheureux, vous êtes nés à l'ouest de la ligne bleue des Vosges ?
Inutile de chercher ce mot dans Google, j'ai essayé par curiosité, mais ils ne connaissent pas ! (Maintenant, ils vont connaître, grâce à moi... )
Ça ressemble à la choucroute, ça a la couleur de la choucroute, mais ce n'est pas de la choucroute. Comme la choucroute est du chou lacto-fermenté, le süriruava est du navet fermenté. Exactement selon le même procédé que la choucroute. En français on l'appelle naveline. Son nom en alsacien süriruava, est aussi orhographié süriruewe selon qu'on est dans le Bas-Rhin ou le Haut-Rhin. Süri, c'est l'allemand sauer, l'anglais sour, et le français sur pour dire acide, ou encore le saur des harengs saurs qui signifie aussi fermenté. Et ruava, ou ruewe, c'est le navet. Pensez au mot français rave. C'est donc le "navet acide", donc fermenté. La fermentation produit de l'acidité, en l'occurence de l'acide lactique.
Mais est-ce que c'est bon ? Demanderez-vous encore après cette petite leçon d'alsacien. Oui c'est délicieux ! C'est servi ici avec 5 viandes différentes : saucisse de Montbéliard, Knack (alias viennoise, ou encore saucisse de Strasbourg ou de Francfort pour les nés à l'ouest des Vosges), poitrine, jarret et collet de porc fumé. (Le collet de porc, c'est la même chose que l'échine, c'est très moelleux). Les légumes lactofermentés et le porc font toujours un mariage d'amour ! Comme accompagnement : des pommes de terre vapeur, de la moutarde et du raifort comme il se doit. Il est tout frais maison, le raifort, et exquis pour relever toutes ces cochonailles. Et comme dit madame Schmidlin en vous apportant l'assiette : — dans raifort, il y a "fort"... En fait, le wasabi à côté c'est un truc pour les bébés.
Bref, ils faisait froid dehors et là, nous reçûmes toute la chaleur du monde au propre comme au figuré, et ce fut un moment de bonheur que d'attaquer cette assiette avec toute la gourmandise qu'elle méritait.
Nous nous sommes félicités de n'avoir pas pris d'entrée. Les navets étaient généreux et les viandes copieuses. Mais un dessert... Nous avons craqué pour le vacherin maison (vraiment maison et fait minute avec de la vraie meringue et de la chantilly, pas un truc sorti du congélateur), et aussi pour cette chose exquise que les alsaciens appellent la torche aux marrons et le reste du monde le Mont Blanc.
C'est un de mes desserts préférés et c'est rare de le voir bien fait. Ici c'état le cas : pas trop sucré, pas écoeurant, même après un bon repas.
Ça c'est un dessert à tomber à la renverse : une purée de marrons (qui n'est pas de la crème de marrons, non, non, c'est des marrons cuits dans du lait sucré puis réduits en purée) légèrement sucrée et parfumée au cognac (ou au marc de gewürz, j'ai un doute), échevelée en vermicelles sur un coeur de meringue, le tout enveloppé de nuages de chantilly. Quand j'y repense, j'en ai encore la saveur dans la bouche.
Après ça on n'a plus qu'à faire la sieste, me direz-vous, mais non, nous avons arpenté en long et en large le merveilleux et époustouflant Musée de l'Automobile de Mulhouse, que je vous recommande aussi de visiter au moins une fois dans votre vie. C'est magnifique, on apprend une foule de choses, on s'extasie sur ces vieilles voitures aux cuivres ou chromes rutilants et qui sont en parfait état de marche, et de plus ça fait faire de l'exercice car c'est très vaste. La vie est belle, non ?
Restaurant Au Raisin
Patricia et Johnny Schmidlin
2, Grand'rue
68170 RIXHEiM
Tel : 03 89 44 14 74