Betteraves sous la cendre, pour oublier les rigueurs de l'hiver
Il fait froid !
Il parait que c'est étrange. Si, si. C'est un scoop. Il gèle fin décembre ou début janvier : on prétend que c'est une chose jamais vue, et cela fait la une des journaux. Eh bien ! Quelle nouvelle incroyable ! Il fait froid ! On a besoin de le lire dans des journaux, des fois qu'on ne s'en soit pas aperçu tout seuls. On n'a jamais vu ça depuis... heu... l'année dernière ?
Vous avez entendu ? Dans le poste, comme disait ma grand mère, on s'étonne qu'il fasse froid en hiver. Le froid et la neige étaient auparavant des choses normales en cette saison, en tout cas moi je l'ai toujours connu. Mais aujourd’hui, la mode est d'affoler les gens. La tendance est de faire peur avec tout et n'importe quoi. S'il fait chaud, c'est mal. S'il pleut, c'est mal. S'il fait sec, c'est encore pire. S'il fait froid, c'est très mal aussi. On entend parler de « vague de froid sibérien » par des gens qui, d’ailleurs, ne sont jamais allés en Sibérie.
Il y a plusieurs manières de présenter les choses. On peut dire : « On n'a jamais vu de telles températures depuis 1987 ! ». Ou bien : « On a déjà vu de telles températures en 1987
». On dit exactement la même chose dans ces deux phrases, mais l'effet
produit est complètement différent. Je ne sais pas vous, mais moi je
refuse de me laisser manipuler par les allégations de ces marchands de
peurs irrationnelles.
Les frimas ont du bon : on va faire une grande ballade dans la neige. Même le chien est content. En revenant, on allume le feu dans la cheminée. On se prépare du vin chaud, du thé ou une belle tasse de chocolat et on termine les petits gâteaux de Noël. On reste au coin du feu.
Et le soir, on déguste un plat tout simple : des betteraves cuites sous la cendre, accompagnées de fromage de chèvre, assaisonnées de miel et de vinaigre balsamique.
Elles ont un goût sucré de terre et de fumée, qui est accentué par le mode de cuisson. On les accompagne avec du fromage de chèvre (ici c'est du Sainte Maure de Touraine, mais vous pouvez aussi choisir un autre fromage), dont le goût typé et salé ressort bien en contraste. On les arrose avec une larme de miel et une goutte de vinaigre balsamique, pour donner une pointe d'acidité. Avec un bon pain de campagne légèrement grillé, c'est le bonheur dans la simplicité. Un peu de simplicité fait du bien, après les agapes de Noël et du nouvel an. Et comme c'est délicieux, ne nous en privons pas.
Pour 4 personnes :
4 à 8 betteraves crues, c'est selon leur taille et votre appétit
1 Sainte Maure de Touraine, ou un autre fromage de chèvre mi affiné
4 cuil. à café de miel
Vinaigre balsamique
Fleur de sel, poivre du moulin
On commence par rincer des betteraves. On enlève les feuilles et la racine. On ne les épluche pas. On les emballe dans une feuille d'aluminium.
On les place dans les cendres chaudes, là où elles sont
grises, pas sur les braises rouges, cela brûlerait. On les tourne de
temps en temps, pour ce que ne soit pas toujours la même face dirigée
vers les braises. La cuisson dure entre 45 minutes et 1 heure, selon la
grosseur des légumes et aussi la force du feu. Après les 45 premières
minutes on en déballe une de temps en temps et on la pique avec un
couteau : s'il s'enfonce facilement, c'est cuit.
Vous
habitez en ville et vous n'avez pas de cheminée ? Allumez votre four à
200°C, chaleur tournante, et mettez les betteraves sur la grille. Ce
sera moins folklorique, mais pas moins bon.
On les déballe. La peau est devenue noire et fripée. On laisse tiédir un peu, pour ne pas se brûler. On épluche, on coupe en tranches. L'intérieur est d'un beau grenat brillant. La consistance est ferme, juste à peine croquante. On dresse sur l'assiette quand c'est encore tiède, avec le chèvre en rondelles. On arrose d'un filet de miel et de quelques gouttes de balsamique. Une pincée de sel, un tour de moulin à poivre et c'est tout.