Les petit pots de miel vont-ils disparaître ?
Quoi de plus traditionnel que le miel ?
C'est un produit 100 % naturel, fabriqué par les abeilles et consommé par l'Homme depuis des millénaires. Bien avant le début de l'agriculture, bien avant qu'on ait même idée de faire du sucre et que Nostradamus nous ait légué le premier traité des confitures au XVI° siècle.
Or,
aujourd'hui, la règle d'or du marketing est la nouveauté. Je ne sais
pas pourquoi, on pense que ce qui est nouveau est bien, on veut nous le
faire croire. Il paraît que quand on écrit «nouveau» sur une étiquette,
le produit va se vendre comme des petits pains. (Pourtant c'est pas
nouveau, les petits pains.)
Comment faire du «nouveau» lorsqu'on vend du miel ?
On
ne peut évidemment pas changer la recette ! Il faudrait d'abord
l'apprendre aux abeilles, et c'est un peu difficile. Il faudrait leur
apprendre à lire puis leur donner la nouvelle recette dont on leur
fournirait les ingrédients. (Remarquez, il y en a bien un qui trouvera
un jour le moyen de faire du miel transgénique, en version «light» ou
parfumée au coca cola... Enfin s'il reste encore des abeilles à ce moment là, mais c'est une autre histoire.)
Eh bien non, il y a plus simple : on garde le même miel et on change l'emballage.
Ni vu ni connu, on n'a qu'à dire que c'est nouveau, et les gens vont le croire.
Pratique, original, moderne, dynamique et efficace... Un nouveau packaging fait son entrée au rayon miel dans les linéaires. Lune de Miel
crée la surprise et propose son Miel de Fleurs en Doypack, un emballage
souple aux allures de sachet qui devrait ravir les amateurs de miel et
de produits nomades.
C'est ce que disait le communiqué de presse. Un doy pack, pour résumer : c'est une espèce de sachet souple, avec un bouchon.
Au
début, quand je l'ai reçu, j'étais d'accord, j'ai trouvé ça très
pratique, et marrant, ce sachet d'où coule le miel. Ça ferme par un
bouchon à vis, c'est propre, on n'en met pas partout. On ne gaspille
rien.
En y réfléchissant, j'ai quand
même pensé qu'un emballage de 1 kilo, ça ne fait pas tellement «produit
nomade», comme ils disent. Un produit nomade, c'est sensé être un truc
qu'on emmène dans sa poche pour le grignoter hors de chez soi. Je ne me
vois pas emmener le kilo de miel en ballade.
Je ne sais pas combien de temps vous mettez, vous, pour manger 1 kilo de miel, mais chez moi depuis que les enfants sont partis, ça prend un peu de temps. Surtout qu'entre deux, un apiculteur de nos amis nous a fait cadeau de deux gros pots provenant de sa récolte. Donc, tout ça pour vous dire que le doy pack est resté oublié un mois dans le placard, nous avons préféré déguster d'abord le miel artisanal.
Voulant faire l'autre jour ma joue de porc au miel,
je ressors le bidule. Le problème c'est que le miel a durci à
l'intérieur, il n'est plus liquide du tout. Comme tout miel qui se
respecte, il a fini par cristalliser. Et pour le faire sortir ce ne fut
pas une mince affaire !
Quelle belle bagarre avec ce paquet ! Il m'a fallu plusieurs minutes de torsion, pression, lissage
avec une spatule, menaces et aussi quelques gros mots, je l'avoue, pour
arriver à sortir une petite cuillerée de miel. Il était devenu pâteux,
mais sans exagération quand même : même pas complètement solide. Pourtant il ne voulait rien savoir, le bougre. Il refusait obstinément de couler dans ma cocotte. Quand
on presse, ça part de l'autre coté du bouchon, quand on tord, ça reste
coincé dans les plis. J'ai essayé de le mettre à l'envers, mais ça a
mis un temps fou à redescendre. Il aurait sans doute fallu chauffer le
sac au bain marie pour liquéfier le contenu, mais avouez que ce n'est
pas simple comme innovation pour nous simplifier la vie !
Et je ne vous raconte pas mes joues de porc qui s'impatientaient dans la cocotte pendant ce temps-là.
Finalement le bon vieux bocal très ringard, celui où l'on plonge la cuillère, ça a du bon, non ?