Eric au pays des merveilles

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Eric Guerin, le chef de la Mare aux Oiseaux dans la Grande Brière Bretonne vient de publier son premier livre.

Feuilleter ce livre, c'est comme suivre un héron, une grue ou un colvert pour s'envoler directement vers le pays des merveilles.

Les photos d'Erwan Balança, nous dévoilent un univers peuplé de bruissements d'ailes, de chuchotement du vent dans les roseaux, de clapotis, de frôlements, de plumes, de bois, d'eau, de brumes et de féérie lumineuse.

C'est un drôle de pays, qui se trouve géographiquement tout proche de Saint Nazaire, mais en réalité qui est loin du monde. C'est une autre géographie, qui échappe aux règles communes. On croit être dans une campagne, mais on est sur une île et c'est bien l'eau qui nous environne, là où poussent les étendues de roseaux, pays étrange où le ciel est plus vaste que la terre, horizon immense comme les rêves d'ailleurs.

Ici et ailleurs : c'est cela, la cuisine d'Eric Guerin, ce chef qui échappe à toutes les normes et les catégories. Cuisine ancrée dans sa terre mi eau-mi tourbe. Et levée vers les ciels étrangers. Le livre nous montre la naissance des plats depuis le paysage, depuis l'ambiance, depuis l'air du temps, jusque dans l'assiette .

Un paysage de Brière s'endort au crépuscule. Un héron qui pêche un poisson. Un colvert qui passe. Le chien familier furète et la barque glisse... Un mot, une phrase, une idée de voyage et l'assiette nous racontera une belle histoire.

On passe alors en cuisine, on surprend la concentration, les regards des cuisiniers, les mains, les gestes, saupoudrer, couper, écailler, flamber, goûter, sentir. Éprouver.

Ce n'est pas seulement un livre de photographies, bien qu'elles soient belle à rêver, et à  à faire pâlir d'envie tous les Artus et les Bertrand de la terre. Ce n'est pas seulement un livre de poésie, bien que les mots nous emmènent sur leurs vastes ailes. Ce n'est pas seulement un livre de cuisine, bien que le Chef nous donne quelques recettes. C'est plus que cela : un livre sur les sources d'un créateur de saveurs, un enchanteur du goût, un porteur de rêves.

La cuisine, justement parlons-en. J'ai eu le bonheur de déjeuner encore chez Eric Guerin. (Voyez ICI le récit de l'année dernière, toujours d'actualité, vous retrouverez d'ailleurs dans le livre certains plats que j'avais évoqués dans mon billet). Depuis, l'étoile est revenue, amplement méritée ! C'est toujours aussi surprenant, délicieux, poétique, rempli de fraîcheur, de délicatesse, d'impertinence, de découvertes, de sensualité.

 

Cliquez sur les photos pour les voir plus grandes.

A gauche, ris de veau et langoustines dans un bouillon gélifié, ravioles de pommes de terres al dente, petits champignons, une feuille au goût d'huître, une fleur, un jus, de fines touches impressionnistes pour marier la terre et la mer.

A droite, une étonnante et savoureuse barbue, accompagnée d'un délicieux houmous de pois chiches au goût de gâteau breton : il est au beurre salé. Le condiment tajine nous emmène loin. Mais c'est surtout la sauce intense qu'on n'oublie pas, une vinaigrette de couscous : un monde à elle toute seule.

Il y a un menu enfant qui est une merveille d'intelligence pour initier les petits aux plaisirs de déguster.

De cette île en Brière je vois l'horizon
Eric Guerin et Erwan Balança
160 pages, 45 euros. A commander au 02 40 88 53 01.

Et si vous voulez passer un séjour au pays des merveilles, ou simplement y déguster un repas inoubliable :
La Mare aux oiseaux,
162, île de Fédrun 44720 Saint-Joachim
Tél : 33 (0)2 40 88 53 01

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Comments

[annie]

Oh ! Un Patrick tout courroucé ! [:)] J'adore même si je suis un peu chiffonnée que tu tâcles sans avoir goûté, vieux garnement mal élevé. Je ne ressens pas l'esbrouffe moi, dans sa démarche... pas du tout... A part si la littérature en est... Par contre, comme je t'aime décidément bien tout rouge et pensif, comme j'ai envie de te donner en filigranne ma définition personnelle de l'esbrouffe afin que nous puissions débattre, je t'avoue que je la ressens chez d'autres qu'il t'arrive de fréquenter me dit-on... Oh pas des étoilés, pas même forcément des chefs, pas obligatoirement des cuisiniers à pignon sur rue, des gens comme toi et moi plutôt.... Et là, je me marre toute seule à imaginer tes cogitations.[:D] Mais je ne suis pas là pour ça.

Je suis là pour dire que même sans ton superbe billet, Marie-Claire, j'aurais été attirée par ce livre,sa couverture, son titre et ses promesses. Mais pour se le faire offrir discrètement, c'est raide. Pourquoi ne le trouve-t-on pas en librairie réelle ou virtuelle ? Damned. Gagner au loto décidément et aller le chercher sur place, me le faire dédicacer à l'issue d'un repas. Soupir.

[Patrick CdM]

:url:estran.canalblog.com/archives/2008/09/19/index.html

[Patrick CdM]

Certes, mais au prix où sont ces tables, je préfère privilégier les adresses qui me tentent!
D'ailleurs, j'ai déjà rencontré Guérin et sa cuisine à Paris, hors contexte certes, dans un évènement accord mets-vins, je n'ai pas été conquis du tout! Encore moins depuis qu'il s'est fait le mercenaire du surimi...

[Marie-Claire]

Exact : chacun ses goûts ! [Oui]
[U][/U]Mais ce qui est dommage c'est de se priver de quelque chose pour une idée préconçue : alors règle numéro un : aller voir sur place avant de juger !
(Moi j'irai un de ces jours à Saint Lyphard. Pfffiou, il y a tant de choses à découvrir, il me faudrait trois vies !)

[Patrick CdM]

Rien du tout Diane, mais à chacun ses goûts ;-)

[diane]

quand l'esbrouffe a bon goût que peut-on y trouver à redire Patrick?

[Patrick CdM]

C'est marrant, sa cuisine ne m'a jamais tenté, je la trouve à l'esbrouffe, à l'exemple de cette assiette ris/langoustine... Quand je passe en Brière, je vais plutôt à L'Auberge de Kerbourg, à Saint-Lyphard.

[Saturnin Abadie]

Encore un de mes regrets: Pendant longtemps je voulais visiter la Brière et je ne l'ai jamais fait. Snif...[Triste ouin]

[chapot]

Après ce poétique billet sur la cuisine de Guérin, je ne peux que me précipiter chez mon libraire et feuilleter ce livre de cuisine

[christyn]

Bonjour Marie-claire
je viens de prendre enfin du temps pour me mettre à jour dans mes visites sur ton blog
(les vacances sont quelques peu déstabilisantes face aux habitudes )
et bien , je peux te dire que j'ai adoré ce que j'y ai dévoré (lu)!
depuis la tarte impertinente, en passant par les moules vêtues de madras, le traité de la boulette, et j'en passe, ton reportage sur la Mare aux oiseaux me fait regretter de ne pas y avoir encore mis les pieds.
J'avais vu un autre reportage sur ce lieu, dans l'émission
"Faut pas rêver" et j'en avais l'eau à la bouche et aux yeux.
Merci de faire découvrir tes coups de coeur à tous et toutes
à bientôt
christyn

[mamina]

Je vais me mettre en quête de ce livre. Bonne journée.

[Mercotte]

c'est drôle car nous en avons justement parlé hier avec Cathy de la marmite alors que nous déjeunions chez un autre étoilé !! ton récit poétique donne envie !

[vika]

A la lecture de ce billet, sans avoir lu ce livre, sans connaître cette région, je me suis imprégnée du paysage de Brière, j'ai côtoyé le héron, caressé les roseaux.
J"ai respiré l'air iodé, j"ai voyagé encore plus loin devant toutes ces saveurs du monde exposées tel un tableau de maître.
Plaisir des mots, plaisir des yeux, tout en poésie...
Marie-Claire, MERCI

[Tiuscha]

J'aodrerais manger chez lui, pleine vue sur la Brière et ses hérons, la tête dans les nuages et les papilles émoustillées, sa cuisine me fait rêver, elle est si poétique... Et en plus il est tout à fait charmant !

[suzel]

Nous avons eu la joie de visiter la Brière avec nos enfants il y a quelques années. Je me souviens que notre Ptitbonhomme était ravi de faire un tour en barque dans le marais, une véritable expédition pour lui à l'époque (il avait 4 ans).
J'ai essayé une de vos recettes ce soir : les petits roulés de poulet au fromage rebaptisés par Ptitbonhomme "les poulets suprise", un vrai délice, je les ai accompagnés d'haricots verts du jardin, les assiettes étaient vides!!!!!
Encore merci pour toutes ces bonnes recettes et voyages gastronomiques tout cela dans une langue très belle et poétique.
Amicalement[Bisou]

[Marie-France]

Tu me fais encore plus rêver d'y aller, tu sais Marie-Claire, avec ton billet d'autant que ce n'est pas très loin de chez moi. Je connais bien ce coin de Brière qui est merveilleux mais n'ai pas encore pas eu l'occasion de dîner chez Eric Guérin que j'admire pourtant. J'aurais bien aimé participer au concours de 750 g sur l'aubergine pour tenter ma chance mais n'ai pas eu le temps, dommage. En attendant d'y dîner un jour, car je le ferai, ça c'est sûr, je vais me procurer bien vite son livre.