La mayonnaise, c'est tout de même pas sorcier !
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Je viens de me rendre compte d'une chose étonnante : beaucoup de gens ont peur de la mayonnaise. Oui, peur.
Tellement peur qu'ils ne la font pas et préfèrent l'acheter toute faite. Or, les mayonnaises industrielles sont l'exemple du produit insipide, rempli à outrance d'épaississants, d'arômes, de colorants, et qui n'a absolument pas la même saveur, ni aspect, ni couleur, que le produit maison. Même les yeux bandés, tout le monde reconnait la mayonnaise maison de la mayo en tube ou en bocal. Enfin j'espère.
Et pourtant c'est tellement simple, tellement facile, et tellement rapide de la préparer ! En moins de 5 minutes (mais ça c'est pour les personnes très lentes), on peut faire cette sauce que tout le monde aime et qui est la star de l'été : dans les sandwiches, les salades, en pique nique, et aussi dans un repas plus chic pour accompagner les crevettes, les langoustines ou le homard. Je sais, le homard mayo est démodé, mais qu'est ce que c'est bon !
Il règne beaucoup de croyances au sujet de la mayonnaise.
A commencer par celles, moyenâgeuses, que les femmes la rateraient pendant leurs règles, ou qu'elle tourne si c'est la pleine lune. Une autre veut que les ingrédients doivent impérativement être à la même température, est tout aussi fausse. Je n'évoquerai même pas celle qui affirme que le sel mis dans le jaune d'œuf la dissocie, qu'il faille toujours remuer dans le même sens, ou qu'on ne doive pas la conserver dans un récipient en métal, que le froid la fait tourner, ou qu'on ne la conserve pas plus de 12 heures. Une autre dit qu'il faut laisser en contact l'œuf et la moutarde un moment avant de commencer, ou que l'œuf ne doit pas sortir du frigo. Tout cela n'est que balivernes et autres fariboles !
Hervé This le dit d'ailleurs : « Il est inutile de se préoccuper de la température des ingrédients, du sens de battage, des phases de la lune ou des règles féminines, car ces facteurs n’interviennent pas dans la dispersion de gouttelettes d’huile dans l’eau ».
Un batteur électrique ? Et pourquoi pas un biglotron ?
Une autre idée reçue, que j'ai pu constater lors de rencontres avec des personnes pourtant férues de cuisine, est qu'il faut impérativement avoir un batteur électrique pour réaliser une mayonnaise. Faux, archi faux. Jamais de ma vie (et ça fait maintenant une paire d'années) je n'ai monté une mayonnaise avec un batteur électrique. J'utilise un petit fouet à main, et ma mère, qui n'avait pas de fouet, l'a toujours faite à la fourchette ! Une simple cuillère fonctionne aussi, c'est juste un peu plus long. Et même mon cher et tendre, qui pourtant ne cuisine jamais, réussit la mayonnaise à tous les coups et à la main. C'est même lui qui m'a inspiré ce billet, en regardant une pub pour une mayo industrielle soi-disant au goût "unique". Unique ne voulant pas forcément dire "bon". (Il m'a tellement inspirée d'ailleurs, que vous aurez droit à 2 billets).
Cette croyance de l'indispensabilité du batteur électrique est à mon avis responsable de la popularité des mayonnaises industrielles. Car cela va plus vite d'aller chez l'épicier du coin acheter un bocal que de sortir du placard, installer, brancher et surtout nettoyer ledit batteur. Tandis qu'avec un fouet à main, ou une fourchette, l'opération sortir du tiroir et nettoyage de l'unique ustensile prend environ ... heu... cinq secondes top chrono, ajoutées aux deux minutes de préparation.
C'est l'ignorance des consommateurs qui fait le beurre... heu non, la mayonnaise des industriels.
La plus désolante fausse croyance sur la mayonnaise, je l'ai lue sur un forum d'internet. Un internaute s'inquiète :" j'ai raté ma mayonnaise, elle est jaune alors que normalement une mayo est blanche"... Ça laisse pantois. Oui, exact : les mayonnaises industrielles sont blanches ! Mais une vraie mayonnaise est jaune : c'est le jaune d'œuf qui lui donne sa couleur ! Il y a donc en France de pauvres gens qui n'ont jamais de leur vie dégusté une mayonnaise non industrielle, avec ces ingrédients rarissimes : jaune d'œuf, moutarde, huile, sel, poivre et un filet de vinaigre ou éventuellement de jus de citron. Il faut réagir !...
Comme il faut bien vous allécher, voici la composition d'une mayonnaise en tube d'une marque de distributeur (Auchan): huile de colza (70%), eau, moutarde de Dijon (eau, graines de moutarde, vinaigre d'alcool, sel), jaunes d'œufs frais (5%), vinaigre d'alcool, sucre, amidon de tapioca, jus concentré de citron, sel, épaississant : gomme xanthane, colorant : bêta-carotène. Hé oui : de l'eau, qui arrive en 2° position dans les ingrédients, du sucre, de l'amidon de tapioca, dont on se demande ce qu'ils font là, et aussi des épaississants et du colorant.
Celle d'une grande marque (Amora) vaut à peine mieux : Huile de tournesol, jaune d'œuf, vinaigre de vin blanc, eau, moutarde de Dijon (eau, graines de moutarde, vinaigre, sel), sel, sucre, épaississant: E1422, dextrine, colorants: extrait de paprika, lutéine (extrait de tagète), arômes.
Je vous épargne la composition des mayo dites "allégées", qui n'a plus grand chose à voir avec la recette de la mayonnaise : c'est de l'eau collée à la gélatine, avec du sirop de glucose, de l'amidon, du colorant jaune clair et un peu d'arôme.
Ça vous a mis en appétit, sans doute ? Non ? Alors rendez-vous dans le prochain billet, c'est ICI (clic), pour la méthode, et plein de variantes. Vous connaissez peut-être la rémoulade, la tartare ou la gribiche, mais connaissez-vous l'andalouse, la mousquetaire ou la suédoise ?
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