Le Singapore Laksa : une soupe épicée aux parfums de la mer qui vous réchauffe le corps, le coeur et la tête
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On
repart en voyage ! Quand je vous ai parlé ICI (clic) de la culture
peranakan, je ne savais pas que j'étais à la pointe de l'actualité : au
musée du quai Branly à Paris se déroule en ce moment une exposition
intitulée Baba Bling, consacrée à l'art et la civilisation
peranakan, ouverte quelques jours après mon article. (Hum c'est sûr ils
ont copié sur moi.)
Les objets ont été prêtés par le Musée des Civilisations Asiatiques de Singapour. Pour avoir passé un passionnant après midi dans ce musée, je ne peux que vous encourager à visiter l'exposition car c'est absolument magnifique, et vous ferez un dépaysant voyage vers les splendeurs de l'Orient sans quitter la France.
Détail d'architecture d'une maison singapourienne, c'est beau, non ?
Jolie porcelaine, au détour d'une vitrine d'un centre commercial
L'expo Baba Bling dure jusqu'au 30 janvier 2011. Pour en savoir plus, cliquez ICI.
Je vous ai déjà parlé de ce livre Shiok ! de
Terry et
Christopher Tan, qui nous donne (en anglais) des recettes tout à
fait faisables, authentiques et délicieuses. Après avoir goûté le Laksa à
Singapour j'ai été enchantée d'y trouver la recette, et de constater
qu'elle
était parfaitement faisable à la maison ! Je me suis inspirée du livre
pour reconstituer la soupe que j'avais mangée plusieurs fois là bas,
avec de petites variantes de garnitures.
Il m'est arrivé une chose inattendue et qui fait que j'adore écrire ce blog : cela mène à toutes les rencontres. J'ai reçu hier, alors même que j'étais en train de mettre la dernière virgule à ce message, un gentil email de Christopher Tan, un des auteurs du livre. Il m'annonce qu'il sera à Paris entre le 27 et le 29 octobre prochain. Dans le cadre de cette exposition sur la culture des Peranakan au musée du Quai Branly, il fera plusieurs démonstrations culinaires. Tous les renseignements les horaires, sont sur le site du musée, ICI , et moi j'y serai !
Pour fêter cela, voici une soupe
succulente, réchauffante et revigorante, la grande spécialité de la
cuisine peranakan : le singapore Laksa.
La photo ci dessus a été prise au restaurant du jardin botanique de Singapour. Cette soupe fait partie de mes grands souvenirs. Elle constitue un plat complet à elle seule. Ensuite, vous mangez un dessert si vous avez encore faim, ce qui n'est pas certain du tout.
Chez nous, dès qu'il fait plus de 30°C, on a tendance à ne vouloir manger que des salades et des glaces, mais dans les pays chauds, on mange chaud. Cette soupe dégage les arômes et la chaleur des épices, et de plus, elle est servie bouillante. Moi je l'ai adorée, même par 35°C à l'ombre. Je suis sûre que vous allez l'aimer, à présent que les soirées commencent à rafraîchir. Elle est assez pimentée. Si vous n'aimez pas, ou ne supportez pas, supprimez les piments, personne ne vous dira rien ! J'ai même ramené les ingrédients pour la faire à la maison, mais vous trouverez tout ça dans les épiceries asiatiques en France : les nouilles de riz, la citronnelle, la pâte de crevette, les crevettes séchées ou la pulpe de tamarin pour la sauce.
J'ai aussi acheté sur le net (ICI, clic) un petit plant de laksa, la plante que vous voyez ciselée sur la photo, et qui est improprement appelée "menthe vietnamienne". Son nom latin est polygonum odoratum. Je l'ai dans un pot sur ma fenêtre et il a l'air de bien se porter en attendant d'aller plonger dans la soupe ! Mais on trouve aussi la plante coupée en épicerie asiatique. Sa saveur est poivrée-citronnée-mentholée et légèrement piquante.
Le piment fait voir la vie en rose, le saviez vous ? Comme le chocolat, il a pour effet de faire secréter des endorphines à notre cerveau. Après avoir mangé du piment, on se sent bien. Bien évidemment il faut adapter les doses à l'accoutumance de chacun. Car il y a une habituation. Plus on en mange, et plus on en supporte la force.
Pour 4 personnes :
Pour la pâte d'épices :
2 oignons émincés
4 gousses d'ail pelées
De 1 à 8 piments secs réhydratés dans de l'eau tiède*
2 tiges de citronnelle émincées
3 tranches de galanga (à défaut, de gingembre)
1 cuil. à soupe de pâte de crevettes
1 morceau de curcuma gros comme une phalange, pelé (ou 1 cuil. à soupe de curcuma en poudre)
*selon votre degré d'accoutumance au piment, pour moi 2 c'est pas mal !
Pour la soupe :
3 cuil. à soupe de crevettes séchées
3 cuil. à soupe d 'huile
1/2 cuil. à café de sel
1 cuil. à café et demie de sucre
1 l de lait de coco
400 g de nouilles de riz, ou de nouilles somen (nouilles de blé) cuites
60 g de germes de soja
8 à 12 crevettes cuites
Et aussi, comme on aime : 2 œufs durs une poignée de coques des lamelles d'omelettes, quelques lamelles de poisson blanc.
Pour accompagner :
4 ou 5 feuilles de laksa* ciselées
Facultatif : du sambal goreng (Je vous donne la recette juste après celle de la soupe)
* polygonum odoratum, voir plus haut
Réhydratez les crevettes séchées dans un peu d'eau, puis égouttez-les et réduisez-les en fine purée dans un mixeur ou avec un mortier. Réservez-les.
Mixez finement ensemble tous les ingrédients de la pâte d'épices. Faites-la frire dans un wok ou une cocotte avec l'huile pendant 6 à 8 minutes, jusqu'à ce qu'elle épaississe et dégage son parfum. Mouillez avec le lait de coco et portez à ébullition. Assaisonnez avec le sel, le sucre et les crevettes séchées. Laissez cuire sans couvrir pendant 5 min, rectifiez ensuite l'assaisonnement.
Faites blanchir les germes de soja et les nouilles séparément dans de l'eau bouillante pendant 30 secondes. Décortiquez les crevettes et fendez-les dans la longueur.
Selon la garniture choisie : faites cuire les œufs durs, ouvrir les coques, préparez l'omelette ou cuisez le poisson à la vapeur. Tout cela peut être fait à l'avance, et il suffira de réchauffer la soupe au dernier moment.
Répartissez les nouilles et les germes de soja dans des bols, ajoutez les crevettes et les éléments de la garniture puis versez le bouillon au lait de coco bouillant. Terminez en saupoudrant les feuilles de laksa, et, si vous souhaitez encore rehausser le goût, accompagnez avec le sambal goreng dans une petite coupelle à part pour que chacun se serve comme il le souhaite.
Sambal goreng
Condiment pimenté pour servir avec la soupe, mais aussi avec du poulet,
du poisson, des crevettes...
Attention, c'est fort, la rouille à côté est un condiment pour les bébés.
3 gousses d'ail
3 candelnuts (genre de grosse noisette tropicale) ou 6 noix de cajou
2 gros oignons
4 piments secs réhydratés
1 cuil. à soupe de pulpe de tamarin (s'achète en épicerie asiatique)
3 cuil. à soupe d'huile d'arachide
1 cuil. à soupe de concentré de tomates
1/2 cuil. à café de sel
1/2 cuil. à café de sucre
Mixez l'ail, les noix, les oignons et les piments en pâte fine. Faites dissoudre le tamarin dans 10 cl d'eau, réservez. Chauffez l'huile dans une poêle ou un wok, faites-y frire la pâte d'épices pendant 10 min environ, jusqu'à ce qu'elle devienne brillante et que l'huile semble s'en désolidariser. Ajoutez le concentré de tomates, le sel et le sucre, puis les 3/4 de l'eau de tamarin. Remuez, goûtez et ré-assaisonnez si nécessaire. Si c'est trop épais, ou pas assez acidulé, ajoutez le reste de tamarin.
Cette sauce se conserve un mois au frais, dans un récipient hermétique.
Vous trouverez sur internet bien d'autres recettes de Laksa ou de sambal, qui sont très différentes. Celles-ci sont la version singapourienne du plat. Une jolie version se trouve ICI sur le blog Cuisine Airlines, chez Steve Ho, qui s'y connait !
La température monte déjà, vous ne trouvez pas ?
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