La gourmandise ne fait pas grossir ! Une diététicienne dit non aux diktats alimentaires
Ce livre signé Ariane Grumbach, est paru il y a déjà quelques mois. J’aurais pu vous en parler avant. Mais la période actuelle est plus propice : vous l'avez remarqué, nous entrons dans une période dite des « marronniers du printemps »? À peine sortons-nous des incitations à la cure détox après les fêtes, qu'on nous bombarde d'injonctions à faire des régimes minceur tous plus magiques les uns que les autres, sous prétexte que sinon, il sera imppossible d'enfiler nos tenues légères pour l'été. Je me suis dit que ce serait une bonne idée de vous présenter cet ouvrage réjouissant.
Première question importante : Ariane Grumbach fait-elle dans la provocation avec ce titre à contre-courant ?
Il faut dire que tout commence par un malentendu depuis le IVe siècle : la gourmandise. Vous vous rappelez, l’un des sept péchés capitaux. Mais quelle méprise, quelle faute même. Sûrement qu’un malfaisant s’est collé à la traduction des textes de grec en latin, et il a confondu gourmandise et gloutonnerie.
Ou le mot a changé de sens avec le temps, on ne sait pas très bien. Avouez que gloutonnerie et gourmandise, ce n’est quand même pas pareil. Le péché c’était la gloutonnerie, pas la gourmandise.
Donc si on y réfléchit bien, le titre en forme de provocation n’en est en fait pas un. On peut très bien être gourmand sans grossir. Voyez plutôt.
Ariane Grumbach, diététicienne reconvertie avec beaucoup de talent – elle est issue du monde l’entreprise – nous livre donc un ouvrage à l’opposé du mainstream de la diététique.
Présenté comme un petit dictionnaire de mots choisis, 128 si j’ai bien compté, et présentés par ordre alphabétique, chaque mot fait l’objet d’une discussion argumentée et très souvent exactement contraire à la doxa nutritionniste. Cette forme de type lexique est très pratique : on peut passer d’un mot à l’autre sans ordre particulier, puis revenir en arrière suivant l’inspiration du moment.
Les régimes ? Arrêtez tout !
Ce livre est vraiment à contre-courant, même en même temps tellement vrai. Quelques exemples flagrants vous l’illustreront, mais il y en a de nombreux autres : arrêtez tous les régimes, car ils font tous grossir ! -— Vous pouvez sauter un repas, si vous n’avez pas envie de manger. — Halte à l’hygiénisme (mon préféré). Ariane Grumbach déconstruit les croyances du style — manger des pâtes le soir fait grossir, ou —il faut arrêter le pain si on veut perdre du poids, — il faut se forcer à manger au petit-déjeuner, même si on n'a pas faim ... ne sont que ces croyances sans aucun fondement !
Ariane Grumbach lutte contre toutes les idées reçues liées à la nutrition. Car beaucoup de croyances, pourtant déconstruites par la science, encombrent encore trop souvent nos esprits et polluent toute tentative de lutte contre l’excès de poids. Pire, la pression constante sur les esprits amène le dégoût de la nourriture et sa seule approche par le biais arithmétique des calories. On ne mange plus des aliments, mais on ingurgite des calories, et le moins possible, parfois de façon obsessionnelle, s’indigne-t-elle. Comme elle a raison !
Le maître mot chez Ariane : faites-vous plaisir !
Et c’est dans ce plaisir de se nourrir que je me trouve au travers de cette lecture. Il faut désobéir aux injonctions des émissions télé et des modes, aux ordres des docteurs Jesaistout, ignorer les dossiers spéciaux spécial minceur, laisser glisser les remarques des aigre-douces des bonnes copines, et s’écouter soi-même finalement.
Ariane Grumbach nous invite à une démarche philosophique aussi, en nous interrogeant sur nos besoins, notre image de nous-même et sur cette obsession autour du poids. Il faut avant tout se sentir bien dans sa peau. Et souvent il est vrai, cette quête de la minceur n’est qu’un paravent à un mal-être plus profond.
Et le pire c'est qu'on associe souvent le poids et la santé, alors que ça n'a rien à voir : on peut être mince et malade, autant que grassouillet et en texcellente santé !
Surtout, méfiance. Méfiance des discours tirés de la pensée magique, méfiance envers les super-aliments qui ne sont supers que pour les porte-monaies de leurs promoteurs, méfiance envers les cures détox qui ne feront maigrir que votre porte monnaie, méfiance envers les gourous de la diététique qui changent d’avis tous les deux ans avec toujours le même applomb !
Il faut un peu de rigueur quand même.
Evidemment, tout n’est pas si simple. Ariane Grumbach prévient qu’un certain nombre de préceptes, surtout de bon sens, doivent prévaloir dans une alimentation. Manger équilibré, varier son alimentation, inclure des légumes et des fruits, modérer sa consommation carnée, sont des atouts précieux.
Il faut aussi refuser les aliments industriels et cuisiner soi-même autant que possible. Ce n’est ni difficile ni plus cher. Il faut juste essayer et se lancer. Très nombreux sont nos concitoyens à ignorer la cuisine maison, même si un véritable mouvement de fond est apparu depuis une quinzaine d’années. Cuisiner soi-même, c’est contrôler les ingrédients que l’on consomme, réduire les quantités de sel et de sucre, bannir les intrants chimiques. On ne peut qu’aller mieux avec cette approche.
Et surtout : renouer avec le plaisir de manger, revenir à une approche positive de l’alimentation qui fait se sentir bien. Un livre déculpabilisant à souhait. A se procurer d’urgence !
Ariane Grumbach, La gourmandise ne fait pas grossir – une diététicienne dit non aux diktats alimentaires, Carnets Nord, 2016, 13€
Vous pouvez aussi aller voir le délicieux blog d'Ariane, en cliquant ICI.