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Le Bocuse d’Or est à la gastronomie ce que les défilés sont à la haute
couture. Spectacle éblouissant, créateurs talentueux, matières premières
exceptionnelles, mise en scène étudiée… Il a lieu tous les deux ans et s'est terminé hier, voici les résultats.
Bocuse d’Or : Rasmus KOFOED, représentant le DANEMARK
Bocuse d’Argent : Tommy MYLLYMÄKI, représentant la SUEDE,
Bocuse de Bronze : Gunnar HVARNES, représentant la NORVEGE
La France est arrivée quatrième. Si cela vous intéresse, le classement complet est ICI (clic). Tous sans exception sont très talentueux car arriver à ce niveau dans la compétition, c'est un signe d'excellence déjà au départ.
Réunir 24 chefs, originaires de 24 pays différents, dans un spectaculaire concours gastronomique, c'était l’idée, visionnaire, de Paul Bocuse, en 1987. Aujourd'hui, 24 ans plus tard, le concept n’a pas pris une ride.
Môssieur Bocuse, mon idole.
Imaginez un stade de foot rempli de supporters déchaînés.
Remplacez la pelouse par douze mini-cuisines placées côte à côte, échangez les joueurs contre des cuisiniers professionnels (très) confirmés, substituez une viande et un poisson au ballon…
Et faites durer le plaisir durant 5h35. Le Bocuse d’Or pourrait être résumé ainsi.
Cette joute culinaire, grâce à la création de près de 60 pré-sélections nationales et trois sélections continentales a permis d’aller encore plus loin dans la découverte de nouvelles cultures culinaires, et de nouveaux talents.
Elle est si spectaculaire que les candidats consacrent des mois à mettre au point leurs recettes et leurs présentations, quitte à oublier carrière et vie privée jusqu’au jour J. Cela demande une volonté, un travail et une énergie hors du commun.
Imaginez concentration, le travail, la pression, pendant cinq heures et demie.
Les pays participants en 2011 : Allemagne, Argentine, Australie, Belgique, Canada, Chine, Danemark, Espagne, Etats-Unis, Finlande, France, Guatemala, Indonésie, Islande, Italie, Japon, Malaisie, Norvège, Pays Bas, Pologne, Royaume-Uni, Suède, Suisse, Uruguay.
Il y avait donc de nombreux supporters dans le public cosmopolite !
Afin de faire découvrir de nouvelles cultures culinaires, le Bocuse d’Or a mis en place des sélections dans chaque continent. Elles permettent à des pays, moins connus pour leur gastronomie, de participer et de montrer leur savoir-faire, comme par exemple, cette année le Guatemala et la Malaisie (équipe 100% féminine, cela mérite d'être souligné). Le règlement demandait à ce que la culture gastronomique du pays représenté soit évidente.
Voici l'assiette de poisson de la Malaisie.
Et celle de la France
Les 24 chefs ont relevé le défi de préparer deux plats parfaits à partir des produits sélectionnés : l’Agneau d’Ecosse pour la viande et la Baudroie, le Tourteau et la Langoustine écossaise pour le poisson. On imagine ces plats parfaits : cuisson , saveur, présentation, tout devait être merveilleux.
L'assiette de viande victorieuse, du Danemark. J'y goûterais bien, pas vous ?
Et l'assiette de poisson de la Suède, j'y piquerais bien aussi ma fourchette...
Enfin, à l’heure où l'on se lasse de la cuisine moléculaire pour revenir à des valeurs authentiques, la grille de notation du Bocuse d’Or inclut l’identification des produits, tant visuelle que gustative, dans le plat final. Quitte à reconstituer la selle d’agneau après l’avoir désossée, farcie et découpée. On doit savoir ce que l'on mange, rien qu'en regardant l'assiette. Et les produits travaillés doivent avoir le goût de ce qu'ils sont.
Dans l'assiette de viande de la Norvège, comme dans les autres, on reconnait bien la selle d'agneau, même en croûte. Admirez au passage la cuisson parfaitement rosée.
Les candidats doivent réaliser une présentation sur assiette de la viande et du poisson, mais aussi une présentation sur plat. C'est assez impressionnant, voici à quoi cela ressemble.
C'est le plat de viande de la France.
Et le plat de poisson du Danemark. Oui, vous vous demander comment on peut préparer tout cela, le plat de viande, de poisson, ET les assiettes, en 5 heures 35, moi non plus je ne sais pas comment c'est possible.
Tous placent le concours à un très haut niveau d’exigence. Poussés par la compétition, certains sont capables d’inventer de nouvelles techniques pour obtenir le résultat qu’ils souhaitent. D’autres font preuve d’une créativité sans limite. Tous sont les reflets, en matière de goût et de présentation, des tendances en cours dans le pays qu’ils représentent. Une source d’inspiration inépuisable !
Rendons hommage aussi aux commis et aux serveurs.
Pour évaluer les candidats, le jury était composé de 24 chefs influents et emblématiques de chaque pays candidats sous la houlette de 3 présidents d’exception : Paul Bocuse, Président Fondateur, Yannick Alleno, Président d’Honneur (Chef 3* du Meurice, Bocuse d’Argent 1999) et Geir Skeie, Président du Jury International (Bocuse d’Or 2009).
On leur souhaite à tous degarder leur passion et de nous émerveiller encore pendant longtemps !
Crédits photos : Thierry Caron et François Mainard - Le Fotographe, Sirha 2011.
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